Le Pôle outre-mer de France Télévisions dans l’ère du studio virtuel

France Télévisions déploie un studio Aximmetry dans une configuration avancée. Une collaboration entre le département ingénierie du groupe télévisuel public, Red Bee Media et Magic Hour.


« Un studio de 40 mètres carrés, huit caméras, un fond vert » résume Jean-François Jugault, chef de projet attaché au département ingénierie de France Télévisions. Si tout semble simple sur le papier, dans les faits il s’est agi « de mettre en place une configuration d’Aximmetry pour donner à la fois le meilleur rendu possible mêlé à une simplicité d’utilisation », explique-t-il. Sous son impulsion — et à travers Red Bee Media, en charge du déploiement technique de la régie auquel le système est rattaché — les études préalables du studio virtuel ont été initiées en 2024 et confiées par Red Bee à Magic Hour. « Un choix naturel compte tenu de l’expertise de Magic Hour sur cette plateforme de production virtuelle », note Antoine Vincendeau qui, pour sa part a assuré la direction de projet pour Red Bee. Magic Hour fournissant de son côté licences, matériels, installation, développements, et formation des opérateurs.

En régie, le mur d’images affiche 8 caméras…

… déjà composées par Aximmetry.


Une architecture multimachine

« Il fallait concevoir une configuration compacte, haut de gamme, flexible et budget compatible, précise Éric Soulard, en charge de la direction technique du projet pour Magic Hour. Avec le défi de faire entrer huit caméras dans un espace restreint tout en garantissant un rendu premium et conserver les usages de tournage en décor réel. » Pour remplir toutes ces conditions, Aximmetry en architecture multimachines s’est révélée être la solution la plus performante. Chaque caméra est attachée à un moteur graphique propre chargé de composer la scène et répondre aux ordres du moteur principal, le Master engine. L’avantage d’une telle configuration, outre de répartir les charges de calculs, est de fournir les huit sources déjà composées à la grille. Il s’agit là d’un confort inédit pour l’équipe de réalisation, tels que les OPV ou le réalisateur, qui bénéficient d’un plan déjà composé.

Tracking sans marqueur & effets photoréalistes
Avec une grande puissance de calcul allouée à chaque plan, la technologie Aximmetry s’occupe de tout. Une mire Aruco posée au sol et simplement cadrée une fois par chaque caméra sert de référence pour le calcul des coordonnées de position conjugué à chacune des valeurs transmises par chaque caméra via le protocole FreeD (x, y, z, tilt, pan, zoom, diaph).
Sept caméras PTZ Panasonic AW-UE160 assurent les plans fixes tandis qu’une Sony P1 montée sur un travelling et colonne haut-bas et pan, tilt, zoom, vient ajouter les plans dynamiques. Le logiciel Tracker, fourni avec le travelling Multicam Spirit, complète l’ensemble en assurant la cohérence du suivi spatial. Chaque caméra étant calibrée optiquement pour garantir la stabilité du rendu et l’alignement entre images réelles et virtuelles.

Panoramique du cyclo. Au sol la mire Aruco…

… point de référence pour Aximmetry.


 

 

 

 

 

 

 




Et pour affiner la composition, le système d’incrustation combine le keyer d’Aximetry et la technologie des Clean Plates 3D. « Cette-ci reconstitue en trois dimensions le fond vert du plateau et permet à Aximmetry de comparer en temps réel la captation et son modèle numérique, explique Éric Soulard. On obtient ainsi un détourage plus précis, des ombres naturelles et une cohérence lumineuse sans faille. »
À partir du Master Engine, il est donc possible d’ajuster la luminosité, les effets de bloom ou encore la profondeur de champ, mais aussi de distribuer les sources NDI vers les écrans virtuels du décor, et si nécessaire gérer leur apparition depuis la régie… Tous les changements de valeurs sont répercutés sur chacune des machines esclaves assignée à chaque caméra. « Sur le plan technologique et puissance de calcul, le Pôle outre-mer de France Télévisions s’est équipé de l’état de l’art avec des châssis pourvus de GPU Nvidia 5090RTX et 8 licences perpétuelles Aximmetry, sans abonnement, lesquels, en plus de s’adapter à toutes les contraintes du lieu, s’adaptent également aux contraintes budgétaires fixées dès l’origine du projet », insiste Éric Soulard.

La Sony P1 sur colonne et travelling…

… et son poste de commande en régie.












Concilier espace et artistique : les masques à la rescousse
Avec une quarantaine de mètres carrés, le plateau est particulièrement exigu. Une donnée qui vient ajouter de la difficulté à la fois au plan de caméras, mais aussi au parti-pris artistique consistant à invisibiliser la technique (moniteurs, retours divers) et renforcer la continuité visuelle du plateau. « Pour cela, nous avons créé des garbage masks pour tous les éléments techniques, mais aussi pour chacune des caméras, souligne Éric Soulard. Ils permettent de masquer dynamiquement tout objet physique visible dans le champ sans altérer la perception globale du décor. » Ces masques traqués eux aussi en temps réel épousent les mouvements des caméras et rendent invisibles chacune d’entre-elles se trouvant dans le champ d’une autre.
Pour chaque programme tourné dans le nouveau studio du Pôle outre-mer du siège de France Télévisions, les scènes sont chargées depuis le stockage partagé. L’actualité compte un décor décliné via les presets d’Aximmetry en fonction de la chaîne : pour Outre-mer l’info (France 3 – ici), Outre-mer l’actu (France Info), Outre-mer (France 24) et Outre-mer l’hebdo (La 1ère). Un second décor est disponible pour Couleur Sport (La 1ère). Quant au magazine politique Outre-mer, et si on bougeait les lignes ? (La 1ère) dont la dernière édition a été tournée avant l’été dans l’ancien studio de Malakoff, il devrait rejoindre très prochainement l’antenne, en décor virtuel ; tout comme un nouveau magazine santé pour La 1ère, de 26 et 52 minutes, actuellement en cours de tournage. Ces deux programmes ajoutent ainsi deux décors virtuels supplémentaires.