Studio Virtuel : France 3 Toulouse opte pour Aximmetry

Depuis fin mars, France 3 Occitanie diffuse Une image, une histoire, un magazine conçu par la rédaction de France 3 Toulouse et produit en studio virtuel. Retour sur un projet où se mêlent technologie et maîtrise des coûts…

Décrypter le passé, éclairer le présent et envisager l’avenir. Tel est le concept de Une image, une histoire, programme de sept minutes diffusé depuis le 31 mars sur l’antenne de France 3 Occitanie en amont du JT régional Midi-Pyrénées. Tous les jours de semaine à 19h07, UIUH éclaire un thème d’actualité propre à la Région à l’aide d’images d’archives de l’Ina et d’un invité. Spécialiste du sujet du jour, il ou elle est issu(e) du monde associatif, universitaire ou institutionnel, et fait le lien entre les époques. Pour ce format aisément déclinable à toutes les antennes régionales, France 3 Toulouse a fait le choix d’optimiser ses coûts de production en s’affranchissant de décors physiques.


Le choix Aximmetry« Du lancement à la mise à l’antenne de Une image, une histoire, une brève fenêtre de tir s’offrait à nous, raconte Yvan Kalfon, responsable de projets et du support en charge de l’IT à France 3 Toulouse. Nous avions par ailleurs un budget serré pour cette production entièrement conçue en interne. Le choix du studio virtuel s’est imposé de fait. »
Reste que pour demeurer dans les clous, également le choix de la plateforme virtuelle était un élément essentiel : elle devait être puissante et économique. « J’ai découvert Aximmetry quelques années plus tôt lors d’un projet qui n’a pas vu le jour, explique le responsable de projets. Nous avons également fait des tests avec un simple chromakey, mais les résultats n’ont guère été satisfaisants : trop statique, trop daté. Après avoir fait le tour du marché, lorsque l’on réalise que les licences Aximmetry Broadcast DE coûtent environ cinq fois moins que celle de son premier concurrent sous Real Engine, le choix se fait naturellement. » Un rapport performances/coûts qui a permis de financer en partie l’achat de deux nouvelles caméras confie le responsable de projets : « des Panasonic PTZ AW-UE80, compatibles Free-D pour les plans trackés. Pour les plans non trackés, deux Panasonic AW-HE130 déjà en notre possession servent pour le beauty shot et le plan large et sont utilisées en caméra virtuelles zoom-in/out et circulaire. »



Un décor signé France Télévisions
Mais quid du décor ? Synergies obligent, France 3 Montpellier disposait d’un décor virtuel charté antennes régionales. Repassé entre les mains de la direction artistique de France Télévisions à Paris, et après quelques modifications de couleurs, celui-ci a pu être modifié rapidement pour France 3 Toulouse. Si ce décor comporte trois écrans incrustés, il a fallu ajouter une « sucette » 9/16e droite-cadre au plan large en tête et en fin d’émission accueillant respectivement le sujet du jour et le teaser du prochain numéro. « Alors que Magic Hour était déjà en charge du déploiement d’Aximmetry et de son intégration dans notre workflow, son directeur technique chargé du projet, Éric Soulard, a repris certains éléments graphiques pour créer cette sucette modélisée sous Blender », précise Yvan Kalfon. Le décor ainsi prêt, il restera à alimenter en images chacun des trois écrans incrustés du plateau.


SDI et NDI
Pour le studio virtuel, les ressources matérielles dédiées aux calculs sont assurées par une tour Supermicro, et le rendu temps réel des décors et l’animation Blender par une carte Nvidia GeForce RTX5090. « Notre configuration nous limite physiquement à 4 flux SDI (BMD DeckLink Quad 2, Ndlr), ceux des quatre caméras PTZ de plateau. Il fallait donc trouver une astuce pour alimenter de manière efficace les écrans du décor, » raconte le responsable de projets. Et c’est ici qu’intervient le NDI. Pour l’avoir déjà implémenté sur un autre plateau, Yvan Kalfon connaît bien ses capacités et ses limites. Il détaille : « l’écran de gauche contient le clip Une Image, une histoire joué à partir d’Aximmetry ; et depuis la grille, l’écran central affiche les médias et les off joués par le serveur Dubmaster, l’écran de droite les localisations jouées par un canal d’Avid Maestro, chacun étant convertis en NDI avant d’être injectés dans le projet ». Et quant au choix du NDI pour les écrans incrustés, il ne peut être plus clair : « dans ce cas précis, le NDI donne visuellement le même résultat qu’une source SDI ». Et d’insister sur le fait qu’une telle configuration a également contribué à l’économie du projet.


Revenant sur la chronologie de UIUH, le responsable technique salue la réactivité des intervenants techniques au service de l’éditorial : France Télévisions pour la fourniture du décor, Magic Hour pour avoir livré un proof of concept pour les premiers essais, ses développements, l’intégration, la formation des opérateurs… « En moins d’un mois, nous sommes passés de la prise de décision — le 25 février, au tournage du pilote le 18 mars. » Sur le plateau de 80 m2, la première série d’enregistrements a été réalisée du 24 au 26 mars pour les douze premières d’émissions et une mise à l’antenne le 31 mars 2025. Un « tour de force » estime-t-il, dans lequel Aximmetry Broadcast DE a entièrement été intégré au dispositif de fabrication de France 3 Toulouse.

Evo de Studio Network Solutions : un usage pour toutes les configurations

Face à la complexité croissante des environnements de production, la question du stockage centralisé et de la gestion efficace des médias devient un enjeu structurant. Studio Network Solutions l’a bien compris en développant sa plateforme de stockage partagé intelligente Evo. Explications…

En guise de présentation, Evo de SNS se distingue par son approche agnostique, compatible nativement avec les principaux workflows du secteur ; qu’il s’agisse de Adobe Premiere Pro, DaVinci Resolve (Blackmagic Design) ou Avid Media Composer. Elle bénéficie par ailleurs d’un positionnement tarifaire compétitif, offrant un rapport performances/coûts particulièrement avantageux, y compris dans des contextes de production complexes. Sur le versant technologique, son positionnement a par ailleurs été salué lors du Nabshow 2025, où SNS y a reçu deux prix « Produit de l’année » : Evo a été récompensée dans la catégorie Cloud Computing and Storage (également en 2022 dans la catégorie Remote Production, et 2023), tandis que Slingshot, son moteur de transcodage et d’automatisation intégré, s’est vu primé dans la catégorie Media Supply Chain, Automation, and Management.
Et si la solution Evo s’adapte aussi bien aux chaînes de production internes qu’aux configurations hybrides, aux événements en direct ou aux workflows distribués dans le cloud, quatre cas d’usage permettent d’en cerner la portée.

Production live, postprod sur site ou décentralisée
Qu’il s’agisse de studio de production ou de postproduction, Evo trouve sa place comme stockage centralisé. Il œuvre à l’unification des fichiers d’un projet au sein d’un environnement structuré, facilitant de facto l’organisation des médias et la coordination entre monteurs, graphistes et techniciens. L’intégration de son logiciel de gestion des assets, ShareBrowser, permet un repérage rapide des ressources, grâce notamment à l’enrichissement des fichiers par les métadonnées. Certaines tâches répétitives comme les sauvegardes, conversions de format, transferts…, peuvent être automatisées, réduisant ainsi la charge opérationnelle liée à la gestion de volumes importants de données.
Mais ces capacités ne se cantonnent pas uniquement à l’exploitation sur site. Dans le cadre de production à distance et workflow hybride, la solution est aussi déployée dans des configurations décentralisées, lorsque notamment les collaborateurs d’un projet opèrent à distance, quel que soit le lieu. Les fonctionnalités de génération de fichiers proxy permettent aux monteurs de travailler sans transférer l’intégralité des rushes. C’est à travers l’outil Nomad que ceux-ci assurent la continuité du travail en assurant la compatibilité entre les fichiers de travail distants et les fichiers natifs hébergés sur le serveur central. Un mode permettant une collaboration fluide sans dépendance exclusive à des solutions cloud externes.
S’il est aussi une configuration dans laquelle Evo excelle, direction la captation en direct. Concerts, festivals, retransmissions sportives, tous ces cas « live » requièrent des flux de production massifs et des délais de traitement très courts. Evo y est ainsi mobilisé pour sécuriser immédiatement les contenus captés, dans un environnement marqué par une forte densité de données. Le système de gestion des médias intégré permet d’identifier rapidement les segments utiles pour les traitements en postproduction. Et l’automatisation des opérations de transcodage, de duplication, etc. permet de répondre à la contrainte temporelle propre à ces dispositifs.

Infrastructure cloud
Et si beaucoup optent pour une infrastructure physique, d’autres font le choix de la décentralisation cloud. Evo Cloud offre cette possibilité notamment dans des contextes où la mobilité, la distribution géographique des équipes ou les impératifs de rapidité rendent nécessaire l’accès distant aux médias. Outre Atlantique, c’est le cas notamment de la National Hockey League (NHL), dont les équipes de production doivent gérer un grand nombre de contenus dans un laps de temps restreint, sur l’ensemble du territoire nord-américain.

Le dispositif s’appuie sur une architecture hybride : les contenus sont captés localement, transcodés en fichiers proxy via le moteur Slingshot, puis automatiquement répliqués dans l’environnement Evo Cloud. Les monteurs, quelle que soit leur localisation, peuvent ainsi accéder aux fichiers via ShareBrowser, les annoter, les filtrer à l’aide de métadonnées, et les intégrer dans leurs outils de montage usuels. Cette configuration permet une coordination éditoriale à grande échelle tout en préservant l’intégrité du facteur temps.

Améliorer un système de stockage existant
Faire évoluer sans tout remplacer. Cela est possible avec Evo. Qu’il s’agisse de Avid Nexis, de Dell EMC Isilon, ou d’autres solutions NAS telles que QNAP, Synology, EditShare, Promise… Du point de vue de l’investissement et des performances, la solution de SNS s’avère être un sérieux concurrent aux solutions existantes, sans compter la possibilité d’être utilisé comme moyen d’accroître leurs capacités. En effet, la philosophie de transparence agnostique suivie par SNS permet de faire évoluer à moindre coût toute solution de stockage partagé développée par n’importe quel constructeur. Qu’il s’agisse de studios internalisés, d’équipes mobiles, de captations complexes ou de productions distribuées dans le cloud, Evo pourra être utilisé comme un dispositif structurant de gestion des flux audiovisuels. Ouvert, interopérable et économiquement rationnel dirons-nous… Il constitue pour de nombreux acteurs une infrastructure clé, au service d’une production optimisée et sécurisée.

Prises de vue chirurgicales : Blackmagic Micro Studio Camera à la rescousse au SkyLab Med

On connaît les déploiements de Magic Hour autour du broadcast, de la postproduction et de la restauration… Magic Hour, c’est aussi des services à l’entreprise. Direction le Pays nantais et le SkyLab Med, un centre dédié à la formation des chirurgiens…

Niché au cœur des vignobles nantais, à Haute-Goulaine, SkyLab Center est un centre de formation flambant neuf dédié à la chirurgie, mais pas que… Une partie de son infrastructure au sein de ses quelque 1350 m2 accueille également conférences et séminaires. Pour ses clients, Skylab Med met à disposition des laboratoires d’anatomie les plus en pointe, tandis que Skylab Event propose des espaces modulables avec vue sur les vignobles alentour. Ici tout a été pensé pour l’entreprise et la formation : proximité immédiate avec l’aéroport et la gare de Nantes, et une infrastructure audiovisuelle permettant de répondre à bien des besoins.
Premier centre à accueillir des formations chirurgicales en France, c’est en son laboratoire qui compte une vingtaine de tables de chirurgie que les chirurgiens-experts transmettent à leurs confrères les compétences nécessaires visant à obtenir une certification pour un matériel ou une technique opératoire. Et c’est ici qu’intervient la prise de vue, celle des gestes effectués sur des « pièces anatomiques », dont le service audiovisuel du SkyLab Center a la charge de retransmettre en local, mais aussi sous forme de fichiers aux fournisseurs d’équipement médical pour un usage futur.
Toutes les salles, laboratoire compris, sont reliées par un réseau interne et équipées audio et vidéo, et pourvues d’une couche d’automation Crestron. « Une configuration qui permet le cas échéant de retransmettre les images du laboratoire vers n’importe quelle salle du site et d’assurer un traffic audio permettant une interaction avec le praticien, » souligne Yann Dereuddre, responsable audiovisuel du SkyLab Center.



Vers l’intégration de l’IA
Au SkyLab Med, on envisage d’intégrer un système basé sur IA. Celui-ci permettrait de taguer les gestes chirurgicaux en temps réel à des fins de formation : l’IA discriminant les gestes effectués correctement de ceux nécessitants d’être corrigés, et ce, en réaiguillant le chirurgien en formation vers la vidéo affichant le geste idoine. C’est en aval de ce projet qu’est intervenu Magic Hour : « nous devions avant tout résoudre une problématique de prise de vue, explique le responsable audiovisuel. Lors de la livraison du bâtiment en 2023, nous avons envisagé l’installation de caméras PTZ au plafond pour capturer les gestes du chirurgien-expert, mais il s’est avéré à l’usage que le cadre était souvent masqué par le chirurgien lui-même. D’autres dispositifs ont été étudiés tels que des lunettes équipées de caméra, mais cela pose à la fois des problèmes de stabilité, mais aussi de résolution et, pour certaines d’entre elles, une impossibilité de récupérer leurs signaux. Caméras PTZ et lunettes se retrouvent de fait incompatibles avec les exigences de captation du système d’IA, du moins jusqu’à présent. »


Une solution simple, efficace…
Au vu de ces contraintes, la solution proposée par Magic Hour repose sur une colonne mobile de prise de vue et son moniteur directement connectée sur le réseau audiovisuel de SkyLab Center. « Le système est simple, mais il fallait y penser , » note Yann Dereuddre. « Nous avons proposé une paluche d’une très bonne résolution qui puisse en plus du SDI fonctionner a minima en HDMI afin d’être connectée à une station HP Z2 mini SFF G9, elle-même connectée au réseau de SkyLab Center et sa régie, » résume Pierre Le Meur, technico-commercial chez Magic Hour. « Et pour répondre au cahier des charges des prises de vues imposées par le service audiovisuel de SkyLab Center, nous avons imaginé un bras articulé en quatre points. » Fixé au choix sur la colonne mobile ou sur la table chirurgicale, il est adapté aux différentes postures du praticien et permet de capturer ses gestes sans obstruction. Quant à la caméra vouée à cette application insolite, sans hésiter, la Blackmagic Micro Studio Camera 4K G2. Simple, mais il fallait y penser…


Zqsd Productions choisit TVU pour un streaming caritatif

Bienvenue dans le monde du streaming et de Twitch où TVU Networks et Magic Hour font une incursion pour le compte de Zqsd Productions, agence de création et société de production spécialisée dans le monde de l’E.-sport et du jeu vidéo.


Créée en 2016 par 4 aficionados des jeux en ligne et créateurs de contenus, Zqsd Productions gravite autour du monde du streaming et organise des événements tournés vers les jeux vidéo et l’E.-sport pour son propre compte, mais aussi pour les marques souhaitant donner un coup de jeune à leur image. Elle compte aujourd’hui 7 associés et une trentaine de permanents. En propre, l’agence imagine et produit des événements dont le plus célèbre auprès du grand public est le ZEvent : une levée de fonds caritative incontournable dans le monde du gaming diffusée en direct sur Twitch et dont l’objectif est de soutenir des causes liées à des problématiques sociales ou environnementales. « La dernière édition qui s’est déroulée du 5 au 8 septembre derniers a récolté plus de 10 millions d’euros distribués à cinq associations : Les Bureaux du Cœur, Solidarité Paysans, Le Secours Populaire, Chapitre 2 et Cop1, » recense Kelly Marini, associée de la première heure et en charge de la communication de Zqsd Productions.
Dernièrement, c’est pour MSF (Médecins sans Frontières) que Zqsd a imaginé et orchestré un concept, « plus mainstream » concède Kelly Marini : « MSF Quest, une chasse au trésor réalisée en direct dans laquelle cinq équipes tout-terrain, composées de créateurs(trices) de contenus et soutenues sous forme de dons par leurs fans, ont relevé des défis en lien avec des situations vécues sur le terrain par les personnels de l’ONG. »


Pour la seconde édition de cet événement diffusé sur Twitch entre les 27 et 29 septembre 2024, il fallait pouvoir associer des moyens de transmission légers pour envoyer des images live vers le plateau et la plateforme de streaming, mais aussi interagir en direct avec les concurrents de chaque équipe. « Chez Zqsd nous sommes toujours à l’affût de solutions innovantes et légères adaptées à nos budgets de production, ce en quoi les solutions TVU Networks répondaient parfaitement à nos problématiques, notamment sur le fait d’avoir une solution clés en main nous permettant de nous affranchir de sa gestion technique en nous reposant sur les compétences de Magic Hour, » explique la directrice associée. « Dans l’univers du streaming et de Twitch, nous sommes dans un monde qui se construit, et nous n’avons pas les budgets de la télé. Ainsi, de telles solutions de productions nous sont essentielles, » conclut-elle.
Direction Montpellier dans les locaux de Zqsd qui compte par ailleurs quelque 800 mètres carrés de studio. « Principalement équipés de matériels de production Blackmagic Design, nous avons procédé à l’installation de deux serveurs de réception TVU VS3500 sur la grille de la régie de Zqsd, raconte Romain Matus, responsable technique chez Magic Hour. Sur place, durant toute la durée du MSF Quest, nous avons assuré le monitoring des flux. » Les deux serveurs ont ainsi pris en charge la réception des cinq signaux distants HD transmis par chacun des packs TM1000. La communication entre les animateurs du jeu sur le plateau et les participants étant acheminée à travers le N-1 de chaque flux HD.

Métropole Télévision orchestre la migration de ses archives

Une transition tournée vers une robotique Quantum répartie sur deux sites distincts à Neuilly-sur-Seine. Un déploiement confié à Magic Hour…

Depuis 2012 avec la numérisation en masse de ses supports linéaires, le groupe M6 stockait les archives de ses PAD sur un unique site utilisant une librairie IBM équipée de six lecteurs LTO-6 pilotée par l’HSM Diva de Telestream. « Une configuration dédiée à la fois à la création de cartouches main et backup dont nous extrayions manuellement les backups pour les stocker en un autre lieu, » explique Mathieu Brossard, project manager à Métropole Télévision et initiateur de la migration.

Nouvelle config
Face à des procédures ayant atteint leurs limites mais aussi à la croissance continue du volume de données audiovisuelles comprenant tous les PAD des chaînes de Métropole Télévision, le Digital Asset Management, les contenus de veille internationale, mais aussi ceux de la filiale cinéma SND, et aujourd’hui, le rapatriement des médias du pôle télévision jeunesse du groupe Lagardère (Gulli, Canal J, Tiji) acquis en 2019 auparavant stockés chez Cognacq-Jay Image, il était impératif de redéfinir l’architecture de stockage. « En bénéficiant d’un système entièrement redondé et automatisé, et bien sûr en décuplant les capacités, » précise le chef de projet. Sur les aspects quantitatifs, les équipes des infrastructures broadcast ont estimé sur 10 ans le nombre de cartouches, et la nécessité de déployer deux sites (principal et backup, ndlr) équipés chacun d’une librairie Quantum Scalar i6000 pilotée par son propre HSM Diva mis à jour pour l’occasion en interne à travers une collaboration M6-Telestream.

5,6 pétaoctets à transférer sur LTO-9…
C’est sur le site principal du 89 avenue Charles de Gaule à Neuilly qu’est actuellement effectuée la migration du fonds documentaire composé de près de 2500 cartouches LTO-6 représentant environ 5,6 pétaoctets de données.
« Au lieu d’utiliser l’ancienne librairie IBM LTO-6 pour servir de source à la migration, nous avons en prêt 9 lecteurs LTO-7, ajoutés par Quantum et Magic Hour au Control Module Scalar i6000, plus performants que les LTO-6 de notre ancienne libraire, souligne Mathieu Brossard. Quantum nous fournissant gracieusement trois armoires supplémentaires (2 High Density Extension Module et 1 Storage Extension Module, NDLR) sur toute la durée de la migration prévue entre 9 et 12 mois et opérée H24. »
Le site principal est ainsi configuré pour assurer à la fois la continuité de la production et la migration. Deux lecteurs LTO-9 de ce site sont dédiés à la migration sur les six que compte son Control Module Scalar i6000. Chaque nouvelle cartouche LTO-9 du site principal est automatiquement dupliquée sur la librairie backup du 46 rue Dulud où se trouve également la régie de diffusion. Contrôle de l’intégrité des supports oblige, chaque site d’archivage est équipé de l’option Extended Data Life Management (EDLM), lequel contrôle en tâche de fond sur un lecteur dédié l’état de chaque bande LTO-9 au moins une fois par an.

… et 8,7 Po en plus pour les dix ans à venir
En conditions d’exploitation chaque site, main et backup, disposera d’un millier de slots à la fin de la migration. « Nous devrions atteindre en 10 ans quelque 490 cartouches supplémentaires par librairie représentant près de 8,7 pétaoctets de données en plus des 312 LTO-9 de reprise de fonds issue de la migration, estime Mathieu Brossard, avec à titre d’exemple un nombre croissant de cartouches chaque année, soit 32 cartouches en année 1 et 66 pour l’année 10. » L’évolutivité d’un tel dispositif avec l’ajout de modules d’extension permet par ailleurs de s’adapter à de potentiels nouveaux besoins liés à la généralisation des contenus UHD HDR beaucoup plus gourmands en données.


De l’importance d’un support efficace
Enfin, si le service de l’infrastructure broadcast de Métropole Télévision assure la gestion technique des archives, Philippe Hugou, administrateur et superviseur, veille entre autres à maintenir en conditions opérationnelles cette partie robotique. « Cela va sans dire, nous avons gagné en robustesse, en automatisation, en sécurité… Et les notices en ligne de Quantum sont extraordinairement bien fournies pour nous permettre de résoudre certains points d’achoppement. Il est toutefois important de nous appuyer sur nos prestataires experts dont Magic Hour fait partie, souligne-t-il. Avec notamment la mise en place du support proactif qui consiste en l’ouverture d’un port point à point sécurisé entre notre matériel et Magic Hour. » En cas de défaillance, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, le système de diagnostic de la librairie Quantum commande automatiquement l’organe défaillant auprès de Magic Hour qui dépêchera sur site un technicien pour son remplacement…

Filière cinéma & patrimoine : HD Systems, du tournage à la restauration

Le laboratoire cinéma de la rue du Landy à Aubervilliers internalise depuis avril la préparation des supports et le scan. Focus sur un des pionniers du tournage cinéma numérique et de sa maîtrise de l’émulsion éponyme, du tournage et la gestion des rushes, en passant par l’étalonnage et la restauration… 

Dans le monde des labos, les trois associés de HD Systems, Nicolas Pollacchi, PDG de LoumaSystems, Olivier Garcia, DIT et coloriste, et Hervé Theys, directeur technique, tous anciens de Panavision-Alga, font partie de ceux qui ont accompagné les tournages cinéma dans leur transition vers le numérique au début des années 2000, dans le marché naissant des premières caméras HD, dont la Sony F900 HDCam SR, puis sa version « panavisée », première de la série des CineAlta. Une époque où les seuls 5 diaphs de dynamique et une sensibilité accrue dans les basses lumières demandait une expertise technique vidéo pour délivrer des images conformes au parti pris artistique des directeurs de la photographie.
Chez HD Systems, Olivier Garcia, aujourd’hui étalonneur, fait partie de ces ingénieurs vision devenus à l’époque digital imaging technician (DIT), maillon essentiel de la prise de vue jusqu’à la gestion des rushes. De ses connaissances des caméras broadcast chez « Pana », il a su pousser dans leurs retranchements les capteurs CCD de la F900, en doublant leur dynamique et en définissant de nouvelles courbes adaptées aux tournages cinéma, notamment au sein de Deux Frères (2004) de Jean-Jacques Annaud mis en lumière par Jean-Marie Dreujou (AFC), long-métrage hybride 35 et Sony F900 panavisée avec optiques Primo, Dogara de Patrice Leconte (2002), Bismarck (2002) de James Cameron ou encore Océans de Jacques Perrin (2009)…
Objectif premium
« Auparavant département de LoumaSystems, HD Systems est devenue une entité à part entière en amont des tournages de Wolf Totem (2015) de Jean-Jacques Annaud et Les Saisons (2015) de Jacques Perrin », raconte Olivier Gracia. Des tournages longs et exigeants dont les rushes furent traités en même temps et pour lesquels il fut nécessaire de former des techniciens pour gérer quelques 400 à 500 heures d’images par film. « De par nos expériences et notre exigence, nous avions une vision premium du laboratoire numérique, raconte Nicolas Pollacchi, pour le traitement des signaux, mais aussi pour le visionnage des rushes, l’étalonnage, le visionnage et le rendu final… »

Plus qu’une simple LUT…
Pour ces spécialistes de l’« émulsion numérique » qui ont mis au point leur outil interne breveté, le Cinecrystal 65, « plus qu’une LUT, mais un tricube offrant jusqu’à 65 millions de nuances de couleurs », souligne Olivier Garcia, les travaux de restauration haut de gamme sont venus remplir dès l’année 2020 le carnet de commandes de l’entreprise. « Avec trois longs-métrages de Jean Delannoy dont les scans furent effectués chez VDM sur Lasergraphics Director et traité par nos soins sur Diamant, Resolve et nos outils internes, suivis des titres de Cea Films, maison de production de Salvatore Piccioto. »
Ce sont ensuite enchaînées des œuvres comme Le Roi de Paris avec Philippe Noiret de Dominique Maillet (1995) dont une première restauration 2K n’avait pas satisfait le réalisateur : « nous l’avons refaite à partir des suites DPX brutes », commente Olivier Garcia. Puis vint La Fille sur le pont de Patrice Leconte (1999), et Le Peuple migrateur de Jacques Perrin, Jacques Cluzaud, et Michel Debats (2001). Et si jusqu’à présent HD Systems confiait l’essuyage et les scans à des laboratoires tiers, le labo s’est offert cette année la ligne de restauration qu’il lui manquait, à savoir la nettoyeuse-essuyeuse et le scan 4K.

Essuyage Cinetech UK & Scan Cintel
« Nous avons bâti notre salle d’étalonnage DaVinci Resolve autour d’un projecteur Sony 4K alimenté en quadlink, » résume Olivier Garcia. Pour cette image de 5 mètres de base réputée pour sa calibration, la salle de HDSystems s’inscrit comme un lieu de référence Sony CineAlta. Et de ce couple Sony DaVinci Resolve associé à la création de DCP, le parti pris technique fut d’opter pour un scanner 4K 12 bits plutôt que 10 bits log : « ce qui importe à nos yeux c’est la quantification, rappelle le spécialiste. Et de préciser : 12 bits est la quantification d’un DCP. Pour nous, scanner un film en 10 bits log pour créer in fine un DCP 12 bits revient à perdre des valeurs et créer des paliers, si infimes soient-ils. »
Un ensemble de tests a ainsi permis à HD Systems de confirmer son choix du Cintel G3 HDR+ et ses nouveaux capteurs, en plus de la compatibilité qu’il offre avec Resolve. « Dès septembre, les négatifs montés de quatre longs-métrages, vont être entièrement traités chez nous, annonce-t-il. Trois films oscarisés produits par Galatée Films, et 13 Tzameti, un film en scope N & B réalisé par Gela Babluani, récompensé en 2005 à la Mostra de Venise et à Sundance. »

13 Tzameti de Gela Babluani, une restauration 4K attendue.


Et pour préparer au mieux tous les travaux, le labo numérique a fait l’acquisition d’une nettoyeuse-essuyeuse BSF Hydra du britannique Cinetech. « Nous nous étions rendu compte qu’un double essuyage effectué à l’extérieur, n’était jamais assez satisfaisant, confie Olivier Garcia et les essais que nous avons faits avec la Cinetech ont été bluffants au point que les films polyester retrouvent souvent le brillant de leur jeunesse. » Pour lui, cette nouvelle essuyeuse « représente une avancée par rapport à celles que l’on retrouve un peu chez tout le monde, vieillissantes de surcroît » et affirme retirer jusqu’à 98 % des poussières en une seule passe.

HD Systems est le premier laboratoire français à disposer de la nettoyeuse-essuyeuse de film Cinetech BSF Hydra. Au centre une station DaVinci Resolve et son Mini Panel dédiée à l’acquisition des images provenant du scan 4K Cintel G3 HDR+ (à dr.)…

« C’est une machine extrêmement bien pensée, avec le sens du détail, estime-t-il. De l’usinage des pièces digne d’un travail d’orfèvre jusqu’aux fonctions de réglages fins : l’ajustement précis de la pression et l’orientation des tampons de nettoyage, de séchage… Facile de prise en main, avec d’ores et déjà une soixantaine de bobines traitées, nous avons expérimenté beaucoup de cas de figure. »

C’est sans oublier certains négatifs qui ne sont pas sortis de leur boîte depuis 40 ans. « Sur les pellicules fragilisées, explique Olivier Garcia, la Cinetech montre son efficacité avec les réglages de tension du film, dont une fonction anti-perruquage très efficace. Et surtout la possibilité de programmer des allers-retours automatiques ingénieux pour systématiser un double essuyage et repartir pour un nouveau cycle de traitement à l’Isopar. »
Pour l’heure, avec la maîtrise de toute la chaîne de restauration, HD Systems entend demeurer sur son credo du traitement qualitatif et se « tenir à distance de la politique du flux, » insiste Nicolas Pollacchi. « Nous maintenons le cap du premium, des prétraitements à la finalisation pour consacrer le temps nécessaire à la restauration de chaque œuvre du patrimoine cinématographique qui nous sera confiée. »

Planipresse orchestre une nouvelle narration pour la Fashion Week

Le 1er mars 2024 à l’occasion du défilé Loewe FW2425, Planipresse relevait le défi de la première séquence mobile autour des invités de marque du créateur de mode. Retour d’expérience sur une narration zéro défaut en amont du défilé.

« Nous ne cherchions pas seulement à louer des moyens, nous étions en quête d’une prestation, et surtout de service », résume Jean-Charles Marmeleira, directeur technique de Planipresse, évoquant ses besoins de contribution vidéo à l’occasion d’une des prestations réalisées dans le cadre de la Fashion Week pour le compte de (titre provisoire), entreprise reconnue pour la production de captations haut de gamme d’événements de l’univers de la mode.
Alors que les directions artistiques ne tarissent pas d’imagination pour sublimer le show, éphémère par définition, (titre provisoire) entendait proposer une dimension supplémentaire au défilé Loewe du 1er mars dernier. « Avec une séquence glamour dans des voitures de collection, mettant en scène les invités VIP en chemin pour le défilé, et diffusée en direct sur une dizaine de plateformes et le site Internet du créateur, » explique Sébastien Bauer, producteur et directeur artistique captation de la société de production. L’idée étant de montrer ce moment unique jusqu’à la descente de voiture des VIP’s, attendus sur l’esplanade Saint-Louis du château de Vincennes par deux steadycams qui les suivront jusqu’à leur installation dans l’enceinte de la scénographie du défilé Loewe.

Le beauty shot assuré par un drone, avec une vue plongeante sur l’Esplanade Saint-Louis du château de Vincennes. Ci-contre à droite, le plan est resserré sur les douves et le pont-levis du château.

Pour chaque véhicule conduisant les invités VIP de Loewe à Vincennes, l’OPV était chargée d’assurer un éventuel reboot des unités TVU Networks ou de modifier les valeurs caméra bien que celle-ci furent assurées via des modules 4G de Cyanview et son RCP à distance…


Une séquence imaginée avec réactivité
Si la production d’une telle séquence mobile n’est en rien comparable aux moyens techniques déployés par Planipresse pour l’événement avec un dispositif 18 caméras, elle n’en demeure pas moins savamment pensée. La mode est un milieu exigeant, le zéro défaut est de mise. « Il nous a été donné trois jours avant le défilé pour orchestrer cette séquence mobile imaginée par Sébastien Bauer et validée par Loewe, se souvient Marc Regnaudin en charge de l’opérationnel sur le terrain. Pour l’anecdote, souligne-t-il, aucun ne saisissait vraiment notre demande. Magic Hour a compris aussitôt nos besoins et notre cahier des charges en proposant un dispositif supervisé dans notre régie et basé sur des solutions TVU Networks, lesquelles allaient servir de liaison de contribution. »


Moyens de contribution
Afin de conserver une homogénéité des images entre séquence mobile et captation du défilé, chacun des deux « taxis VIP » furent équipés d’une caméra Sony FX9 avec focale courte riggée en place passager et accompagnée d’une OPV, la prise de son ambiance étant assurée par un micro sur la caméra. « Côté transmission, le choix fut porté sur des unités mobiles TVU TM1000 V3 pourvues de 6 lignes 4G réparties sur 3 opérateurs (Orange, SFR, O2), souligne Alexis Kukutsis, technicien vidéo et superviseur TVU chez Magic Hour. En régie, trois serveurs de réception TVU — deux simples et un double — étaient présents pour à la fois assurer un lien direct avec la grille et une redondance à toute épreuve. »

Dans l’image zoomée, on aperçoit la Sony FX9 riggée en place passager, équipée d’une courte focale et les panneaux LED lumière. Les unités TVU et Cyanview étant situées au pied de la cadreuse.

Pour donner davantage de robustesse au dispositif, Planipresse a pris soin de gérer séparément le N-1 via des téléphones 4G et un système de production reliés à l’intercom Riedel, mais aussi d’assurer les commandes de la vision en remote à l’aide de modules 4G de Cyanview et son RCP associé (remote panel control). « Dans le feu de l’action, ajoute Marc Regnaudin, Alexis était avec nous en régie, attaché à la supervision de la qualité du signal et paré à signaler au réalisateur une éventuelle dégradation afin que celui-ci puisse commuter sur une autre source, qu’il s’agisse du beauty shot en provenance du drone, d’une ambiance ou d’un magnéto. »

La HF prend le relais afin de conserver une temporalité homogène entre le plan à l’intérieur de chaque véhicule…

… et la commutation vers les steadycams assurant le plan suivant.

À l’arrivée des invités sur l’esplanade du château de Vincennes et le passage au plan extérieur assuré par les steadycamers, se posait un obstacle de temporalité : « il nous a fallu réfléchir à neutraliser le retard propre aux transmissions cellulaires, précise Marc Regnaudin. L’astuce fut de doubler la sortie caméra de chaque taxi VIP et raccorder un module HF communiquant avec le relais Sertel déployé pour l’événement. À l’approche de l’esplanade, un plan de coupe rendait discret le passage en HF pour une commutation parfaite et sans retard entre le plan de l’intérieur de la voiture et la reprise par le steadycam.

À l’heure du bilan, le dispositif mobile déployé en marge de la captation du défilé Loewe aura donné de nouvelles idées en termes de direction artistique estime-t-on chez (titre provisoire), avec l’ambition de déployer à l’avenir une séquence mobile autour des invités de marque encore plus en amont. Et pour Planipresse, de démonter qu’un mode de transmission particulièrement léger peut qualitativement relever le défi du zéro défaut pour les prestations les plus exigeantes.

GP archives, la mémoire en images

Partenaire de Magic Hour, GP archives s’inscrit comme première cinémathèque d’actualités au service des professionnels. Gros plan sur ce témoin incontournable de près d’un siècle d’histoire…
Au détour d’un documentaire sur l’entre-deux-guerres, un sujet sur la mode des années 50, ou encore des premières images de la vie parisienne du début du XXe siècle, il est fort à parier que ces illustrations du quotidien d’antan proviennent du fonds documentaire des actualités Gaumont, Pathé ou Éclair aujourd’hui regroupés sous la bannière GP archives.

Parmi ses archives nitrate, GPA compte une collection de 2 heures de prises de vues datant de 1912 tournées à l’aide du procédé Trichrome. Breveté en 1911 par Léon Gaumont, il fut abandonné avant 1920.

Ces témoignages du passé empreints de dimension sociétale et patrimoniale, GP archives s’emploie à les conserver et les valoriser. « Un fonds fort de 10 000 heures d’actualités 35 mm tournées entre 1895 et la fin des années soixante-dixmais aussi 7000 titres de fictions muettes de la Gaumont tournées avant 1930 », explique Manuela Padoan, directrice générale. Et parmi ces dernières, les films primitifs mis en scène dès 1896 par Alice Guy, première femme réalisatrice de l’histoire du cinéma. Et si GPA a déjà conservé son patrimoine sur film polyester, plus stable dans le temps, l’essor du numérique a quant à lui permis de valoriser le potentiel historique des actualités sans devoir manipuler à l’envi des supports fragilisés par les ans. Ainsi, en 2014, l’entreprise s’est engagée à numériser la totalité de ses collections.

Les premières sauvegardes des collections ont été effectuées sur support 35 en polyester avant de passer au numérique…

De la conservation…
« Depuis 10 ans, les négatifs nitrate originaux sont scannés par nos soins en 4,5K HDR sur notre site de Saint-Ouen, indique Julien Boury, responsable technique. Une mission assurée par un scanner Director de l’américain Lasergraphics au sein d’une architecture d’archivage et de livraison entièrement dématérialisée.
C’est dans les locaux du CNC à Bois-d’Arcy dans les Yvelines que sont conservés les originaux nitrate (ou film flamme) des actualités Gaumont, Pathé et Éclair aux côté des fictions muettes et films primitifs de la Gaumont où quelque 40 000 boîtes sont réparties dans une trentaine de cellules de conservation à l’usage exclusif de GP archives. « Toutes ces boîtes sont indexées dans notre base de données, nous savons rapidement lorsqu’une demande d’un client se présente si le film a déjà fait l’objet d’une numérisation ou non, » indique Julien Boury. Manipulation minimale du support oblige, « si le titre n’a jamais été numérisé, il sera scanné entièrement même si le client n’en exploite finalement que trois secondes, explique-t-il. Nous procédons à une remise en état mécanique avant le passage au scan. Deux autres stocks de sauvegardes acétate et polyester situés à Saint-Ouen (93) et aux Ulis (91) abritent quant à eux, les éléments de tirage : interpositif, internégatif, ou positif. » La politique étant de toujours scanner l’élément le plus proche de l’original, de préférence le négatif. Les fichiers ainsi créés feront l’objet d’un contrôle qualité avant leur importation dans la base documentaire et leur indexation ad hoc.

GP archives est équipé de deux scanners Lasergraphics : un Scan Station Personal et un Director 4,5K (à dr.). Le premier pour scanner les tirages, le second pour les négatifs originaux…

… à l’archivage et à la livraison
GP archives héberge les numérisations de ses scans bruts, en ProRes, mais aussi, et surtout sous forme de suite DPX 10 bits Log 4,5K avec overscan (et audio PCM 48 Khz), format qui permet à ses clients de bénéficier d’une grande latitude de travail en postproduction. « À partir de cette base qualitative, les productions utilisatrices de nos images peuvent procéder à leur colorisation comme il est devenu coutume dans les documentaires historiques diffusés en prime time », souligne Manuela Padoan. Mais les diffuseurs et les documentaristes ne sont pas les seuls à commander de telles archives : « il existe aujourd’hui un marché auprès des musées, très demandeurs pour illustrer leurs scénographies, ajoute la directrice générale. Certaines archives de Chine et du Moyen-Orient se sont même réapprovisionnées à partir d’images de GP archives afin de reconstituer leur fonds détérioré ou disparu. »

Dans les coulisses d’une commande

Le masque de saisie de recherche documentaire sur le site GP archives.

Schématiquement côté front office, les documentalistes effectuent leurs requêtes par mots clés sur le site Internet de GP archives, accèdent à des fichiers de visionnage timecodés, et récupèrent un fichier H.264 de travail avec TC in et out pour chaque sélection. La demande finale en « clean » sera téléchargeable depuis le NAS de livraison selon les formats et codecs commandés par le client : soit les DPX, soit des fichiers générés à partir du fichier ProRes normalisé, prêts à être autoconformés chez le client. En back-office, le fonds documentaire est stocké sur librairies OverLand composées de 400 slots LTO8 gérés par un MAM sur mesure créé en 2014 par Opsomaï et désormais maintenu et développé par Skopus.

Restauration & salle d’étalonnage
Un second scanner Lasergraphics, Scan Station, renforce l’offre de GP archives. Il est principalement dédié à la numérisation de tirages d’actualités, documentaires ou magazines. Pour restaurer ces images, deux stations Diamant Film de l’Autrichien H.S. Art sont disponibles en interne. D’une part dans le cadre d’un simple remastering 2K de films depuis une copie 35 pour en retirer poussières et pompage, mais aussi pour effectuer des travaux de restauration sur ses archives. Enfin, depuis peu, GP archives compte sa propre salle d’étalonnage basée sur DaVinci Resolve et un monitoring de référence JVC laser 4K sur écran de 3,5 mètres de base calibré DCI P3 pour les projets DCP ou Rec709. Ce dernier maillon de la chaîne de valeurs permet à GP archives de proposer une restauration 4K zéro défaut de son catalogue.

Restauration 4K de La Cavale des fous (1993) de Marco Pico. Étalonnage sur DaVinci Resolve.

Lasergraphics Director au cœur du labo numérique de la Cinémathèque suisse

Fondée en 1948 à Lausanne, la Cinémathèque suisse vient de célébrer son 75e anniversaire. Direction Penthaz dans le canton de Vaud où l’institution abrite ses archives et son laboratoire numérique partenaire de Magic Hour.

Avec une collection de 485 000 éléments représentant quelque 100 000 titres dont 85 000 films de fiction et documentaires confondus, la Cinémathèque suisse est reconnue comme l’une des cinémathèques les plus importantes au monde. Son département film reçoit régulièrement des fonds de particuliers, de collectionneurs, de maisons de production et de laboratoires. Chaque œuvre ainsi conservée est cataloguée, étiquetée et stockée dans des conditions idéales de température et d’hygrométrie. On y retrouve les négatifs originaux du cinéma suisse, mais aussi des copies de dépôt obligatoire (équivalent suisse du dépôt légal français), des films étrangers… reflet de ce qui a été diffusé et montré en Suisse depuis les débuts du cinéma.

Le site de la Cinémathèque suisse à Penthaz. Il est composé de 3 niveaux souterrains à climat contrôlé pour la conservation des éléments films et non films (affiches, documents et objets en lien avec la production et l’exploitation cinématographiques).

Dans le même bâtiment déployé sur 3 niveaux souterrains, les supports « non-films » complètent la collection. L’esprit de conservation est identique à celui des œuvres de cinéma : restauration, numérisation et conservation dans des conditions idéales de quelque 500 000 affiches, mais aussi de tout matériel ayant contribué à la création et la promotion d’une œuvre, qu’il s’agisse d’un story-board, de documents de préproduction, de décors, de dossiers de presse, d’objets promotionnels…

Grand écart dans les styles, mais dénominateur commun helvète, la Cinémathèque suisse compte parmi son fonds d’objets les éléments du film d’animation stop motion oscarisé en 2017 « Ma vie de Courgette » (2015) du réalisateur suisse Claude Barras, ou encore le xénomorphe de « Alien, le huitième passager » (1979) de Ridley Scott, objet promotionnel d’époque conservé en hommage à son créateur, l’artiste suisse Hans Ruedi Giger.

Aperçu d’une des allées de conservation des bobines films.

Un laboratoire numérique depuis 2019
Le laboratoire numérique de la Cinémathèque suisse a pour mission de numériser les restaurations déjà disponibles sur support photochimique pour en réaliser des éléments de diffusion, mais aussi de restaurer les œuvres qui ne sont pas confiées aux laboratoires externes partenaires (en Suisse, l’Office fédéral de la culture [OFC] détermine chaque année une liste de films et un budget à allouer aux laboratoires externes).

Le laboratoire numérique compte une dizaine de stations DaVinci Resolve ayant accès au SAN et utilisées comme ferme de rendu. La salle d’étalonnage ci-contre accueille réalisateurs, chef opérateurs et ayants-droits à des fins de validation des travaux de restauration.

C’est en 2019 que le département Film de la Cinémathèque s’est paré de son propre labo. À la tête de ce projet, Nicolas Ricordel, ancien chef du département numérique au CNC, a mis à profit ses années passées au sein de l’institution française pour définir ses nouveaux besoins : « Ici, notre équipe est réduite, il nous fallait un matériel à la fois performant et très ergonomique afin que chaque membre puisse suivre un projet de A à Z, explique-t-il. C’est-à-dire de prendre en charge la numérisation, la restauration, l’étalonnage, la fabrication des livrables et l’ingest et sa documentation. Au cœur du dispositif : un scanner Lasergraphics Director 5K. « J’ai formé nos trois restauratrices numériques à l’usage du Director. Avec lui, pas de ligne de commande, il propose un choix de paramètres à déterminer, sa calibration est simple à effectuer… » Mais de tels avantages ne s’arrêtent pas là. « Dès le début, nous avions principalement besoin de numériser rapidement le fonds en attente. D’expérience, je savais que le Director était un scanner de haute qualité et rapide pour assurer une cadence de 2 à 3 images par seconde en couleur et HDR et 10 i/s pour du film noir & blanc. » Aujourd’hui, le laboratoire traite « une centaine d’œuvres par an, courts et longs-métrages confondus, » estime Nicolas Ricordel. En aval des opérations de scan, le même esprit de performance et d’ergonomie est au cœur des choix de chaque ressource : de Diamant-Film de l’allemand HS-ART Digital pour la restauration numérique ; mais aussi Resolve qui, pour le responsable du laboratoire, « est une formidable boîte à outils », du transcodage en passant par le montage « devenu de plus en plus robuste », l’étalonnage bien sûr, « mais aussi pour sortir quasiment l’ensemble des livrables. » Pour l’anecdote, Nicolas Ricordel a pu obtenir de Blackmagic Design de proposer une gestion des fichiers DPX en noir & blanc. Côté travail de l’audio, les ingénieurs du son restent pour l’instant très attachés à Pro Tools, concède Nicolas Ricordel, « ce qui ne nous empêche pas de rester à l’écoute des évolutions de Fairlight, » souligne-t-il.


Conserver les œuvres tournées en numérique

Le système d’archivage robotisé est assuré par 1750 slots LTO dans des librairies IBM.

On pense au support film pour archiver de manière pérenne. Mais qu’en est-il des œuvres qui n’ont connu que le numérique du tournage à l’exploitation ? La Cinémathèque suisse a mis en place un projet de retour sur film dédié à ce cas particulier. « Nous nous mettons dans la peau des futurs archivistes qui manipuleront peut-être ces pellicules dans un siècle, » lance Nicolas Ricordel. En pré-roll y figurent les mires et informations de scan qui permettront de restituer l’image telle qu’elle fut définie originellement pour l’exploitation du DCP. C’est au laboratoire photochimique Cinegrell basé à Zürich que la Cinémathèque confie l’ensemble de ses retours sur film. « Avec Cinegrell, nous avons mis en place un ensemble de procédures de calibration à travers des mires et des LUT conjointes pour ce qui concerne les œuvres que nous avons restaurées, explique Nicolas Ricordel. Ces retours sur films destinés à la conservation sans vocation à tirer de nouvelles copies sont numérisés une dernière fois à l’aide du Director pour une ultime comparaison avant validation des valeurs de résolution et de colorimétrie. »

Côté archivage, la Cinémathèque effectue actuellement la migration de ses librairies LTO6 vers LTO9 pour à terme compter une capacité de 30 pétaoctets avec un data management en cours de redéfinition. Misant sur l’automatisation, c’est en interne qu’ont été développées la solution visant à assurer la migration vers LTO9 et la nouvelle base de données permettant la documentation et la gestion automatique de tous les fichiers. Quant au SAN Quantum fibre 32G StorNext de 300 To du laboratoire, il devrait prochainement connaître une mise à jour de capacité.