Satis 2025 : focus sur quatre conférences C.S.T.
Le 6 novembre dernier, le département broadcast de la Commission supérieure technique de l’image et du son organisait une série de tables rondes disponibles en replay sur son site cst.fr. Synthèse et morceaux choisis…
Normes et sous-titrages
Du très technique SMPTE ST2110-43, dédié au transport des sous-titres au format TTML dans des infrastructures IP 2110, à la création d’un groupe de travail planchant sur une recommandation RT-50 de la C.S.T. pour favoriser son interopérabilité et préciser ses usages (gestion du multilingue, format de timecode avec choix « begin/end » ou durée, stratégie de keep alive, styles autorisés, fréquence d’envoi, etc.), cette table ronde a exposé les problématiques des constructeurs et intégrateurs, mais aussi un cas concret d’utilisation multilingue des sous-titres côté diffuseur avec la présence de TV5 Monde dans le panel d’intervenants. PAD et UHD HDR
Sur le versant du HDR, une autre table ronde permettait de considérer deux visions différentes du déploiement de l’UHD HDR et des exigences PAD respectives chez France Télévisions et Canal+.Chez France Télévisions, la proposition ultra haute définition s’est concrétisée avec le lancement de la chaîne France 2 UHD, notamment à l’occasion des J.O. de Paris 2024. Et une stratégie HDR qui repose sur une approche pragmatique et accessible, en s’appuyant sur le HLG : un format qui évite la gestion complexe des métadonnées et s’intègre facilement dans les chaînes d’acquisition, de postproduction et de diffusion. Un choix qui permet d’assurer la cohérence visuelle et technique des programmes tout en maintenant une certaine « simplicité ». Pour l’audio, les PAD restent actuellement en stéréo, mais les expérimentations autour du 5.1.4, de l’audio description et du dialogue enhancement montrent la volonté d’aller vers le Next Generation Audio (NGA), avec un fort accent sur l’accessibilité.
Chez Canal+, la démarche s’inscrit quant à elle dans une logique de qualité cinéma : la chaîne mise sur le PQ (HDR10), avec une transition prévue vers le Dolby Vision et le Dolby Atmos pour une expérience plus immersive et cohérente avec l’ADN premium de la chaîne. Cette dernière diffuse déjà en HDR certains films, documentaires, compétitions sportives, et travaille à homogénéiser des workflows encore hétérogènes.
Pour les deux diffuseurs, la maîtrise de la conversion HDR SDR est également un enjeu central, notamment pour éviter la double livraison et garantir une qualité constante. Des deux côtés, on estime qu’un PAD unique et figé n’est pas réaliste : la diversité des formats (HLG, HDR10, Dolby Vision, HDR10+, Vivid, etc.) et des usages (linéaire, OTT, VOD) impose plutôt la création de « guidelines communes ».
De son côté, la C.S.T. accompagne ces travaux avec un glossaire HDR bilingue (français–anglais) et la mise en place de groupes de travail dédiés. L’idée étant de structurer une approche collective et favoriser l’interopérabilité entre diffuseurs, producteurs et prestataires techniques.
IPMX, le ST2110 simplifié
On connaissait le ST2110 pour le broadcast. Bienvenu dans le monde de l’IPMX, version « simplifiée » du ST2110 avec une table ronde lui étant dédiée. Outre les aspects techniques très détaillés de son fonctionnement (des profils définis [non compressé, JPEG XS, HEVC], prise en charge du 4:2:2 10 bits et du RGB 4:4:4 8 bits, PTP optionnel grâce au RTCP Sender Report, fonctionnement possible sans horloge centrale, et NMOS obligatoire, etc.), on y apprend qu’il présente un intérêt à être utilisé pour les écrans de régie et de plateau directement IP, murs Led, présentations PC, retours dans les stades, salles de réunion, loges, KVM sur IP…, et qu’il pourra cohabiter avec NDI, Dante AV, SDVoE, etc., tout en restant compatible avec un cœur 2110 existant. L’idée centrale est qu’il s’agit d’un standard ouvert, commun aux mondes broadcast, événementiel et corporate, en IP professionnel. Les premiers tests d’interopérabilité officiels IPMX devraient être organisés et coordonnés par l’EBU (UER) en janvier 2026 qui servira de plateforme neutre pour valider l’écosystème.
Passer des infrastructures locales traditionnelles vers des environnements virtualisés, hybrides et orchestrés dans le cloud, les modèles sont légions : IaaS / PaaS / SaaS, virtualisation des machines, montée en puissance des containers, et rôle central de l’orchestration, qui permet de chaîner des services variés (MAM, speech-to-text, IA, transcodage, etc.) situés dans différents clouds. Tous y sont passés en détail avec un rappel clé : le modèle économique du cloud. Le stockage coûte peu tant que l’on n’accède pas trop souvent aux fichiers ; dès qu’il y a récupération, les coûts peuvent dépasser ceux d’un stockage local. Ceci étant dit, côté business, on y apprend que le cloud est un outil stratégique avec la montée du direct-to-consumer, notamment avec l’explosion puis stabilisation des chaînes dites « Fast ». Certes, cette virtualisation, la 5G, les workflows distants et la baisse du coût du stockage permettent de nouveaux usages, mais attention : tous imposent à ses utilisateurs d’avoir une vision globale pour s’y investir. Des cas concrets sont exposés : chaînes sportives temporaires déployées en 20 jours, ou encore l’architecture hybride de la SSR (suisse), mêlant diffusion ST2110 on-premises et canaux événementiels générés dans le cloud. Avec au final le consensus suivant : l’avenir n’est ni tout-cloud, ni tout-local, mais résolument hybride, articulé autour d’une stratégie, d’une maîtrise des coûts et d’une solide montée en compétences des équipes. Et pour les différents acteurs, l’enjeu n’est plus de savoir s’il faut « passer au cloud », mais de dessiner une stratégie hybride en tirant les bénéfices de chacune des technologies.


