Centreville Télévision signe un studio virtuel haut de gamme

Partenaire de Magic Hour, le prestataire parisien propose désormais un studio virtuel architecturé autour d’Axymmetry Boadcast DE. Une offre clés en main disponible à Paris XVe. Revue de détail…

Quoi de mieux qu’un programme court dédié à l’innovation pour inaugurer un studio virtuel innovant ? C’est avec Bleu, Blanc, Bouge (25×1’ – Marceau Productions) — pastille qui met en avant sur France 2 et France 5 les entreprises françaises dans le cadre de France 2030 — que Centreville Télévision a lancé la commercialisation de son studio virtuel venu équiper son plateau 53. Alors que le postproducteur est un acteur incontournable à proximité des sièges des grands diffuseurs nationaux et face à la demande croissante des productions tant télévisuelles qu’institutionnelles, « il semblait légitime de proposer une prestation de studio virtuel haut de gamme en nous appuyant sur les compétences dont nous disposons en interne », explique Nathalie Renaud, directrice déléguée de cette filiale du Groupe Transatlantic.

Si l’ambition de Centreville est aussi de démocratiser ce type de dispositif à travers les licences les plus puissantes d’Aximmetry (Broadcast DE), et proposer des tarifs justes qui affranchissent le client de frais d’interface, la nouvelle offre s’inscrit loin de celle des plateaux virtuels dédiés en fixe chez les producteurs et les diffuseurs dont la légitimité de l’investissement repose sur la vie d’un programme. « À l’inverse de cette philosophie, note Nathalie Renaud, nous sommes ouverts aux productions de type « one shot », ponctuelles ou non, à travers des services à tiroirs orchestrés par nos forces vives que sont Arnaud Vignal, directeur des effets spéciaux et Florentin Franciosi, chargé d’exploitation à la direction technique, tous deux à l’écoute des besoins de chaque production. »

Pour ces deux responsables, le choix d’Aximmetry permet « de garder la main » sur la couche exploitation pour répondre à une quasi-infinité de configurations d’utilisation, mais aussi de bénéficier des mises à jour régulières du moteur Unreal, avantage à la fois technologique, et esthétique à l’égard des rendus et fonctionnalités sans cesse en évolution.

Offre & accompagnement sur mesure

Arnaud Vignal, directeur des effets spéciaux et Florentin Franciosi, chargé d’exploitation.

Il existe aujourd’hui une multitude de templates de décors sur le marché. Une des particularités de Centreville est de pouvoir proposer des modèles originaux composés en interne sur Cinema4D, « mais il est tout aussi possible de passer par Maya, Blender et consorts, ou d’autres assets compatibles fournis par le client, quitte à effectuer nous-mêmes des modifications selon les besoins, précise Arnaud Vignal. Il convient cependant d’accompagner les demandes du client au regard du budget imparti, tempère-t-il. Côté exploitation, « le couple Aximmetry et Unreal Engine a l’avantage d’être entièrement programmable, complète Florentin Franciosi. Une programmation « rapide et simplifiée avec le langage Blueprint d’Unreal » qui, selon Arnaud Vignal, « ouvre le champ des possibles lors du tournage » : des déplacements ou remplacements d’éléments de décor, des changements de texture des sols, des murs, des lancements de séquences animées… « Mais attention, note Florentin Franciosi, pour tout projet, le travail de préproduction est fondamental et vivement conseillé. Pour cela, nous accompagnons les producteurs et réalisateurs, pas toujours aguerris aux enjeux d’un tel dispositif, même si la souplesse d’Aximmetry autorise le retake dans le cas où certains éléments de décors ne seraient qu’en cours de validation. »

La programmation nodale sous Aximmetry.

Pour conserver cette souplesse, Centreville a écarté le XR qui rend toute retake impossible de par la nature même du procédé. « Le fond vert a ce côté backup rassurant pour le client broadcast, explique Arnaud Vignal, nous enregistrons tous les flux de caméra, fonds verts et truqués. Ainsi le client repart avec sa réal sous le bras, mais aussi avec tous les flux qu’il sera possible de modifier à loisir. »

 

Tracking ou caméra virtuelle
Direction le plateau 53, un des trois studios avec régie multicam que compte Centreville boulevard du général Martial Valin. C’est le plus petit avec ses 70 m2 — contre 90 m2 pour les plateaux 41 et 49 — « pas la peine d’être physiquement imposant, le virtuel se charge de simuler de grands espaces », souligne Florentin Franciosi.

Pour son ouverture en juillet dernier, Centreville a acquis de nouveaux éclairages LED pour bénéficier d’un key optimal, mais aussi trois caméras 4K FX9 Sony équipées du tracking signé HTC Vive Mars. « Aximmetry nous donne ainsi le choix de tourner en mode tracking ou en mode caméra virtuelle comme ce fut le cas pour Bleu, Blanc Bouge. » Généré dans Aximmetry, ce mode permet, par exemple, de créer des mouvements de caméra rejouables à l’identique. Une solution qui apporte de la souplesse notamment lors de retakes : il est ainsi possible dans ce cas de figure de filmer le protagoniste un jour sur fond de référence et ajouter/modifier ultérieurement des éléments de décors en conservant les valeurs du tournage.

Des stations « custom »
Pour tirer le meilleur du couple Aximmetry – Unreal Engine, c’est sur des stations « custom made » que s’appuie Centreville : « des tours choisies pour leur excellent airflow, de l’Intel Core i9 13900K pour ses fréquences supérieures à celle du Xeon qui collent parfaitement à l’usage du moteur Unreal pour l’exploitation et les compilations, et des GPU GeForce RTX 4080, » détaille Arnaud Vignal. Des machines évolutives maintenues in situ. « Nous restons à l’affût des gains de performance que le marché des composants peut apporter, souligne le directeur des effets spéciaux qui pense déjà aux prochaines exigences des diffuseurs notamment en termes d’exploitation UHD 50p, très gourmande en ressources.

Paramétrages sous Unreal 5.2.

Pour l’heure, le binôme VFX-exploitation de Centreville Télévision s’emploie à pousser la prestation en direction de l’artistique, notamment à travers les possibilités de réalisme qu’offre le moteur graphique Unreal. L’idée étant aussi de faire comprendre au client que l’espace est aujourd’hui virtuellement infini, que les effets de lumière du décor peuvent être dynamiques en temps réel et que les angles caméras sortent désormais des sentiers battus de la captation traditionnelle. « Entre deux prestations, nous effectuons plusieurs démos par semaine », indique Florentin Franciosi. « Des sessions qui visent à éclairer sur les possibilités de notre solution, complète Arnaud Vignal. Notre rôle est aussi de conseiller, conclut-il, quitte à préférer du compositing sur After Effects si le virtuel s’avère surdimensionné. »